mercredi 15 mai 2013

SPECIAL JEAN ROLLIN : FUGUE MINEURE (1981) + LA GRIFFE D'HORUS (1990)



   
Fugue mineure (aka Les Paumées du petit matin, aka A Couteaux tirés, aka Les Meurtrières...) n'est pas le film le plus connu de Jean ROLLIN, loin s'en faut, mais à coup sûr l'une de ses œuvres les plus abouties. Une fois n'est pas coutume, il n'est pas le seul auteur du scénario, le producteur Lionel WALLMAN lui ayant imposé les services de Jacques RALF, avec qui il eut des rapports houleux. Ce n'en est pas moins une œuvre très personnelle, dans laquelle on retrouve plusieurs de ses interprètes fétiches (Natalie PERREY, Louise d'HOUR, Brigitte LAHAIE, Bernard PAPINEAU), et nombre de scènes éminemment rolliniennes (le spectacle forain près d'une voie ferrée ; la patineuse solitaire ; l'interprétation de "La Mauvaise prière" par Louise d'Hour au cabaret "La Vieille Grille"). Les deux actrices principales, Laurence DUBAS et Christiane COPPE, forment un couple émouvant, typique des films de Jean. On ne peut que regretter l'indisponibilité de ce film en DVD, d'autant que son auteur en espérait vivement l'édition avant son décès. Il s'agit d'un jalon essentiel de sa filmographie, relevant d'un "réalisme fantastique" dans lequel il n'eut que trop rarement l'occasion d'œuvrer.


Hadopiser ici, en VHSRip.

Extrait : Louise d'Hour chante "La Mauvaise prière"... 



Grand admirateur des "Aventures d'Harry Dickson", Jean ROLLIN caressa longtemps le projet de les porter à l'écran. Les droits des textes écrits par Jean RAY étant la propriété du producteur Anatole DAUMAN, qui avait vainement tenté d'en monter une adaptation filmée par Alain RESNAIS, ROLLIN se rabattit sur les nouvelles écrites par Gérard DÔLE, qu'il appréciait tout autant que les textes originaux. Les Editions Corps 9, qui publiaient les Dickson de DÔLE, se montrèrent fort peu coopératives, comme Jean s'en souvient dans son autobiographie "Moteur, Coupez !", au chapitre "Une visite chez les Dicksoniens".
"On nous fait comprendre que ces messieurs de Corps 9 sont les gardiens de la morale, et que, Gérard Dôle ou pas, ils n'ont que mépris pour ce que je suis et ce que je fais. Cela revient à nous faire comprendre qu'eux vivants, jamais un gougnafier comme moi n'aura accès à Harry Dickson. (...) Il m'est répondu du bout des lèvres que je n'ai pas le style qu'il faut pour adapter Harry Dickson. J'insiste. Alors mon interlocuteur laisse tomber : 'Dans Harry Dickson, il n'y a pas d'histoires de femmes.' 
Nous y voilà. Ma réputation établie par des imbéciles m'a précédé. Pour cette catégorie de personnes, les femmes sont forcément garantes de pornographie. Les 'histoires de femmes' sont pour eux des 'histoires de cul'. Jusqu'où va la misogynie !"
Moteur, Coupez ! Mémoires d'un cinéaste singulier
, e/dite, 2008, p.336.


Cette déception n'empêcha pas le cinéaste de tourner un bout d'essai de 3 minutes, avec Jean-Michel NICOLLET (illustrateur des "Harry Dickson" réédités par Néo, où il se prenait pour modèle afin de représenter le détective) dans le rôle de Dickson. Ce petit film fut tourné au domicile de Gérard DÔLE.

"(...) Permettez-moi de rêver au film éblouissant qui serait né des scénarii de Gérard Dôle si nous avions tourné suivant le système qu'il préconisait, et auquel j'adhère entièrement, c'est-à-dire un tournage improvisé entre amis, dans le style du 'film d'amateurs', comme cette bande de trois minutes que nous avons faite avec Nicollet sur les bords de la Seine, un peu comme devait le faire Feuillade."
op.cit., p.338.

Hadopiser ici, en V.F. (3,06 mns).